Le parcours
Départ de Puerto de Mogán au sud de Gran Canaria, arrivée au Marin en Martinique, sur un Pogo 36 datant de 2021, qui avait 5’000 milles au compteur. Bien équipé “transat” avec Hydrogenerateur, un panneau solaire de 100w, dessalinisateur Zen30, AIS, traceur Zeus, Routeur satellite Iridium Go. Pas de radar - mais il aurait été quasiment inutile.
Distance directe 2640 milles, parcouru 3030 milles a une moyenne de 6.3 noeuds. Meilleure journée à 196 milles, pire à 84 milles.
Pour avoir un “benchmark” de performance , j’ai préalablement mis sur le traceur un waypoint pour chaque jour, correspondant à une trajectoire directe avec une moyenne de 6 noeuds. Après 5 jours nous étions en avance d’une demi-journée… qu’on a reperdu en plongeant vers le sud dans le petit temps.
La météo
Une situation très atypique avec une grosse dépression qui a fermé la route directe, et nous a fait plonger très Sud - sous les 10 degrés Nord - pour retrouver des alizés. Une semaine de petit temps pour y arriver - On a béni le Pogo et son poids plume Du coup traversée en 20 jours.
Pas mal de sargasses entre 10 et 12 degrés Nord. Au dessus de 7 noeuds elles partent toute seules … sinon il faut loffer presque bout au vent, culer au moteur, et repartir. Faisable sans rouler le gennaker …
Prise de météo quotidienne via Iridium Go : Bulletin Metarea, plus cartes synoptiques Saildocs, plus , via Weather4D, gribs GFS gros grains à 12 jours et grain fin à 3 jour. Comparé à ECMWF: Équivalents. Les gribs ne sont pas très précis dans les zones de petit temps. Pour la prévision des vagues: Grib FNMOC WW3 Global (via abonnement météo Weather4D), consulté en particulier quand le bulletin Metarea indiquait une mer “rough”.
Peu de grains avec peu de surventes - à peine 5 noeuds de plus dans les rafales - sauf la dernière nuit avec rafales à 30 noeuds.
Équipage
4 personnes dont trois expérimentées au large : pas besoin de plus, on s’est vite organisé en quarts de 3 heures à un ou deux, ce qui permet 6 heures de sommeil continu. Avec voilure un peu réduite pour la nuit.
A deux reprises, bateaux tout proches sans AIS: un catamaran - il a du passer à 200m, on ne l’a vu qu’après (!) , et un bateau militaire ou scientifique, qu’on a cette fois vu avant. Comme quoi la veille visuelle n’est pas à négliger !
Voiles:
C’est le gennaker qui a le plus servi - avec un ris dans la GV au dessus de 20 noeuds. Le spi pas beaucoup, mais on a fait exprès de le “protéger” pour l’avoir intact en cas de petit temps au portant.
Gennaker pas facile à rouler au dessus de 22 noeuds de vent sans que le haut ne batte … Meilleur compromis: guindant bien tendu, abattre à 155 degrés du vent réel, rouler en gardant l’écoute bien tendue.
Au total 4 heures de moteur, dont deux au départ pour sortir du dévent de Gran Canaria. On avait une autonomie de 50 heures.
L’avitaillement
Consommation d’eau en bouteille: 1.5l/jour/personne. Plus l’eau pour les boissons chaudes et quelques apéros, on reste en dessous de 2l/jour/personne , sans compter l’eau de cuisson.
Fruits et légumes: Tomates, Choux, patates, oignons ont bien duré. Les fruits pas trop - le filet les écrasait un peu. Les viandes/chorizo sous vide au frigo durent bien aussi.
Un jambon cru suspendu dans le carré pour compléter les salades de midi.
Vin: très limité - avec la houle, impossible de caler un verre tout en mangeant.
Pêche: rien pris - un appât perdu, un hameçon tordu, une tête de poisson récupérée sans son corps. Ensuite les sargasses bourraient les hameçons.
Gaz: consommé une petite bouteille Butagaz en 17 jours - presque pas de cuisson à midi (plutôt salades) mais four bien utilisé (quiches, tartes).
Communication
Via Iridium Go et forfait data illimité- principalement par email. L’Iridium était allumé et posé sur le roof une fois par jour. Pour informer nos “followers”, j’ai utilisé l’alimentation par e-mail d’un blog “blogger” Google (gratuit), adresse Belpuga.blogspot.com. La fonction “suivi” de l’Iridium envoyait également le mail de position sur le blog.
A noter que j'ai rencontré des voisins de ponton qui n'ont jamais réussi à échanger des mails par Iridium. De l'importance de tester préalablement ...
Confort
Pas mal de houle, mais comme on a tiré des bords de largue à 150 degrés du vent réel (140 dans le petit temps), le bateau était a peu près calé et ne roulait pas trop. Avantageux pour se caler dans sa couchette, et pour cuisiner.
Le bateau est équipé d’une capote et d’un bimini - précieux pour se protéger des embruns, et pour l’ombre.
Un vêtement bien pratique quand les embruns mouillent le cockpit - le short étanche respirant Tribord.
Bien sûr avec le dessalinisateur, on avait assez d’eau pour une douche quotidienne.
Un defaut du Pogo quand même : pas beaucoup d'aeration en naviguant.
Problèmes, Pannes et avaries:
Halebas - La boucle Dyneema qui l’attache à la base du mât a glissé, plus précisément son noeud de blocage. Réparé par un brêlage.
Hydrogenerateur W&S: un peu de surchauffe (manque d’aération), et puis un bruit anormalement élevé (il part en révision). Mais il a fait le job, en ajoutant le panneau solaire dans le petit temps.
Dessalinisateur Zen30: Problème de capteur de pression, mais il a fait le job lui aussi, en mode “forcé”.
Météo par radio BLU: pas de succès.
Une micro fuite d’eau par un chandelier - un peu tordu probablement déjà au départ mais je ne l’avais pas vu.
Un petit trou dans le génois (roulé) par ragage d’une contre-écoute de gennaker ou spi.
Support de compas électronique NKE cassé - au contact d’un Tupperware de la pharmacie.
Retenue de bôme - cassée par ragage sur l’écoute de gennaker.
Arrivée sur la Martinique sans la carte de détail SHOM, qui avait disparu du cache Weather4D. J’avais oublié de le pré-charger au départ … Bon il restait quand même la carto Navionics sur le traceur, la carto OpenCPN, et une carte d’approche papier. On n’était pas perdu.
Navigation au sextant: il a fallu 3 jours pour réussir un point complet avec des tables papier. Merci au tableur Excel du Marin Breton pour nous aider à démoustiquer.
A souligner - le support de qualité, via mail Iridium, de Watt and Sea, NKE, Pogo, Schenker. J’avais presque toutes les documentations à bord (PDF).
Un premier retour sur la navigation au sud des Antilles:
Une toile amovible entre la capote et le bimini serait très confortable pendant les averses ...
Mes gadgets "sécurité" utiles voire indispensables: Un cablot long avec cadenas pour sécuriser l'annexe à terre ; Un éclairage de cockpit la nuit; Un moyen de verouiller la cabine et les capots de l'intérieur tout en maintenant l'aération; Une mini centrale d'alarme sur piles avec détecteur de mouvement, à laisser la nuit dans le cockpit.